La technique Dustasche

Voilà comment je procède : je travaille sur des textures comme si j'étudiais les matériaux et le support, et j'attends d'être surpris. J'avais une sorte d'obsession : c'est que mon support ne soit pas résistant au traitement que j'allais lui infliger, car je colle, je visse, je cloue, je sangle, je ficelle. Je ne pouvais pas faire ça sur une toile, j'ai donc pris le parti de le faire sur fibre de bois ou alors sur bois tout simplement.

Avec le temps, j'ai fini par utiliser d'autres surfaces, naturelles ou synthétiques, mais toujours de récupération. Mais le fait de réfléchir à la bonne tenue dans le temps, aux résistances au voyage et à la manutention de mes œuvres, fait que je perds un peu en spontanéité. Parfois, il est difficile d'envisager de fixer certains objets ou d'appliquer certains produits sur quelques supports que ce soit, car j'envisage l'accrochage, le déplacement, le voyage de l'œuvre. Et jusqu'à un certain moment, je ne me suis pas posé la question de l'œuvre éphémère, c'est maintenant chose faite et je ferai dorénavant des œuvres solides ou pas, transportables ou pas, mais ce que j'exposerai sera la photo de l'œuvre.

Mon intention désormais est de faire de la photo la démarche de création de l'œuvre originale et le passage de trois dimensions en deux dimensions constitue ma nouvelle démarche. Je suis très heureux de choisir le format. Agrandir ou rétrécir mon travail me réserve toujours des surprises. Une fois que j'ai édité la photo sur des supports très variés qui vont de la photocopie en passant par l'impression sur métal, toile ou vinyle, je peux retravailler ou pas les couleurs de façon naturelle ou numérique.  Je peux choisir le format. Le fait d'agrandir ou de rétrécir une œuvre représente pour moi la base d'une démarche, il y a aussi le fait que je travaille à contre-courant de la tendance actuelle, dans le monde de la conception et de la fabrication, qui est de concevoir de manière virtuelle pour arriver à des impressions 3D par exemple. En conclusion, je me confronte dans un premier temps à la matière et ensuite, je la dématérialise vers l'image.